Les enfants Jeromine
A Sowirog, un village aux frontières orientales de l'Allemagne, entre
lac, bois et tourbières, on vit une vie laborieuse et simple, illuminée
par la Bible.
Mais dans ce Xxe siècle naissant où s'enracine le roman
, c'est vers la guerre, l'esprit de vengeance et la folie du nazisme
que s'achemine le monde. Chacun des sept enfants Jéromine aura à le
découvrir.
La figure de l'un d'entre eux, Jons, qui devient médecin, domine cette
œuvre puissante.
Epris de savoir et de justice, Jons s'inclinera néanmoins devant la
sagesse ancestrale, celle du travail et de l'humanité, face au mystère
du destin dans un monde hanté par la mort.
Opposant au nazisme, Ernst Wiechert (1887-1950) fut déporté à
Buchenwald.
Entre l'humanisme d'un Thomas Mann ou les ambiguïtés d'un
Ernst Jünger, ce roman d'éducation dans la grande tradition allemande,
qui fut son testament spirituel, propose une troisième voie, forcément
précaire, pour réconcilier l'homme et le monde.
Roman d'apprentissage, Les Enfants Jéromine raconte
l'histoire de Jons Jéromine qui partira étudier dans les grandes villes
de Prusse, par la charité d'un ami de la famille et du seigneur von
Balk, avant de retourner vers les forêts de sa région natale en Silésie.
Il n'aura de cesse que d'apprendre, animé d'une persévérance et d'un
appel à la connaissance sans faille, pour finalement devenir docteur
en médecine puis chirurgien. La puissance du savoir y est érigée en
principe fondamental.
Il montre aussi dans ce roman la
supériorité du travail et de la ténacité sur l'orgueil des puissants. Il
pose la question de la place de l'individu face à la société puis de
la société elle-même face à Dieu. Il s'interroge sur la destinée
humaine, les épreuves que l'homme doit traverser, la mort, la maladie,
la guerre... La nécessité d'en comprendre les règles du jeu pour trouver
sa place et être en harmonie avec soi-même.
Il est dans la tradition romantique qu'il prolonge par un sens du mystère, du sacré, de la poésie.